Romy, femme libre, projeté ce mercredi 18 mai dans la salle Buñuel, tente tant bien que mal, de redonner à sa vedette, sa vie. Introduisant leur œuvre, les co-auteures du documentaire, Lucie Cariès et Clémentine Deroudille, préfacent par leur volonté de faire basculer le legs de leur sujet, de sa fin tragique, à sa liberté.
Rythmé d’images d’archives et d’entretiens de Romy et ses proches, l’œuvre emploie également le comédien Swann Arlaud pour jouer la voix du narrateur, contant au fil des 90 minutes de la projection, la biographie de l’actrice. Toutefois, la structure et la chronologie du documentaire sont peu inventifs. Linéaire, sa mise en scène rend ce portrait presque banal. Ironique, au vu de la vie que l’on essaie de nous exposer. En effet, il y a quelque chose de la disjonction entre l’œuvre, si convenue, et la nature indomptable qu’elle colle à Romy Schneider. Mais même dans la convention, le montage réussit à agrémenter le récit d’extraits justes et d’images rarement projetées, donnant lieu à une production qui se veut exhaustive.
Mais c’est une évidence ; la force de l’œuvre repose sur son héroïne elle-même, cette icône qui ne cesse de fasciner les Français. Après tout, avec une existence aussi hors du commun que celle de la comédienne franco-allemande, difficile de ne pas rendre un documentaire engageant. De plus, Cariès et Deroudille n’hésitent pas à creuser les facettes plus sombres de la fresque Romy Schneider, notamment en mettant en évidence ses rapports familiaux troublés, dans une Allemagne nazie, avec des parents partisans. De la femme que l’on résume trop souvent à ses idylles, on découvre ici une existence plus complexe que celle qui apparaît souvent au grand écran. Et ainsi, Romy n’apparaît plus si sacrée, mais humaine. À défaut d’une composition plate, l’admiration des cinéastes pour l’actrice est indéniable, et leur sensibilité transparaît dans leurs textes. En outre, impossible de rester neutre devant les extraits d’entretiens avec Schneider ; d’un charme naturel, 40 ans après sa mort, son enjouement reste saisissant.
Mais malgré la tendresse évidente qui la constitue, l’intitulé de l’œuvre paraît artificieux. Une fois émancipée, aujourd’hui idolâtrée, l’appartenance de Romy Schneider à la culture est patente depuis ses premiers pas devant la caméra. Et comme nous le dit le documentaire, de son vivant, la comédienne est harcelée par la presse, aussi bien en France qu’en Allemagne. Alors que depuis 1982, elle ne peut plus jouer sur les plateaux, elle reste pourtant possédée par nos écrans, soumise à un examen posthume. Face aux maintes productions portant encore sur Romy, peut-être devrions-nous nous demander si revendiquer ce portrait de femme « véritable », que le public serait en droit d’autopsier, ne conditionne pas sa liberté, plus qu’elle ne l’affranchit. Romy, femme libre sera diffusé vendredi 20 mai sur France 3, et une exposition jointe lui est consacrée au jusqu’au 31 juillet à la Cinémathèque de Paris.
Conrad.
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