Huit pays, huit cinéastes de légende représentant chacun leur nation, huit méthodes de travail distinctes, et huit thématiques ; telle se veut être la formule de Visions of Eight.
Nouvelle redécouverte permise par la sélection Cannes Classics de cette année, et approuvée par Lelouch en personne, la grâce de ce documentaire prendrait un sacré coup sans sa richesse technique et la pluralité des thèmes qu’il convoque.
Dénué de paroles – ou presque – les huit segments consacrés aux Jeux Olympiques de Munich de 1972 se succèdent en ayant nul autre attrait que de capter le mouvement, nous laisser le temps de le voir, parfois même le revoir sous plusieurs angles (comme chez Lassaly), et d’en tirer la plus belle vision qui soit du corps déambulant.
Alors bien-sûr, outre son évidente réussite chorégraphique, ce film réussit le pari de filmer l’humain dans son essence, dans un espace peu favorable au déploiement des sentiments. Le segment consacré aux perdants est le plus symbolique dans cette perspective puisqu’il parvient à susciter non pas la compassion, mais justement un sentiment de victoire interne par la présence même des candidats soumis à l’échec.
Le film n’hésite pas non plus à rire de ses spectateurs les moins investis, notamment en captant une partie endormie du public dans le segment signé Ozerov. Non sans humour, celui-ci brille par sa musicalité ambiante à coup de « 9e symphonie », créant un décalage avec la partition de Mancini ornant le reste du documentaire.
Par ce document singulier, huit styles cinématographiques s’en trouvent archivés avec comme vecteur commun les joies et les peines des épreuves sportives, finalement assez symboliques des épreuves du quotidien. Un travail d’archive aventureux, jouant littéralement avec ses spectateurs ; à redécouvrir d’urgence, sportif ou non.
Thibaut
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